Steaves

On est tous Charlie Hebdo ( première partie)

imageTous les mots ont été dits et l’on ne sait plus lesquels choisir pour décrire ce que l’on ressent après l’attentat contre Charlie Hebdo. C’est que tous les mots sont justes : révoltant, odieux, horrible, injuste. Injuste comme peut l’être toute action terroriste, technique de guerre qui frappe, hors du cercle des combattants, des civils innocents.

Les familles des victimes, en tout premier lieu, ont droit à nos condoléances. Cependant, force est de constater qu’après l’horreur des actes, l’horreur des mots débarque. Et hier, j’étais vraiment sidéré par des propos des certains hommes politiques et journalistes de l’extrême droite. Il faut savoir garder notre capacité de raisonner sans se laisser aller à la fureur.

C’est ici que la France devra tirer des leçons du 11-Septembre. Ne pas avoir peur du terrorisme. Car la peur est décidément mauvaise conseillère. Elle a conduit l’Amérique à faire fi de ses propres principes en collectant toutes les informations possibles sur ses propres citoyens et sur des alliés aussi insoupçonnables qu’Angela Merkel. Cette même hantise aveuglante du terrorisme l’a aussi menée à mettre en place un réseau mondial de torture, redoutable de cruauté si ce n’est d’efficacité pour contourner ses propres règles.

La France qui a été fondée sur des valeurs républicaines et laïques devrait donc faire preuve de beaucoup de maturité et ne pas se verser dans l’amalgame islam = terrorisme trop souvent insinué par une frange d’extrémistes de la droite. Car ce que veulent ces fous furieux qui tuent au nom de Dieu, c’est la division et le lynchage de paisibles citoyens musulmans.

On n’est pas chez les bisounours, mais tant que certains penseront que le meilleur moyen de combattre l’autre est de le foutre dans un bateau, la France ne pourra pas avancer. C’est en prenant le meilleur de chacun qu’on peut avancer et non pas en prenant le pire de la pensée humaine ! Pour lutter contre ces fanatiques, il n’y a que l’échange, l’écoute , la solidarité et sa  » foi  » républicaine qui peut aider la France ! l’obscurantisme et le racisme n’a jamais fait avancer l’humanité.


Le cheval de Troie

image« Je crains les Grecs, même lorsqu’ils apportent des présents ». Ces paroles sont une mise en garde du prêtre Laocoon à ses compatriotes Troyens qui se divisent sur le sort à réserver au grand cheval en bois qui vient d’être abandonner par les grecs: Faut-il le faire entrer dans la ville ou le détruire. La suite de l’histoire du cheval de Troie, tout le monde la connaît.

Des cargos qui accostent ces jour-ci sur les côtes européennes chargés de centaines des réfugiés musulmans de divers nationalités m’ont vite fait penser à cet événement légendaire grec.

Comme sur le rivage de Troie, ne pouvant rentrer anonymement en Europe après avoir combattu auprès de l’État islamique, des guerriers musulmans se furent désormais déguisés en réfugiés et cachés dans de grand chevaux de bois voguant sur la Méditerranée. Arrivés sur les cotes italiennes, ils furent accueillis comme un cadeau des dieux : ils offraient une nouvelle occasion aux Européens de réparer leurs abjects crimes coloniaux en ouvrant les bras aux défavorisés.

Qui sont les plus persécutés, en Syrie et en Irak ?

Ce sont les Chrétiens, les Yezidis, les femmes, les vieillards, les enfants.

Y a-t-il des Chrétiens, dans les cargo qui « s’échouent » sur les cotes italiennes ? Pas vraiment. Il y a essentiellement des musulmans.
Des enfants, des vieillards, des femmes ?
Pas beaucoup, presque pas.
La grande majorité, ce sont des hommes seuls. Dont l’âge varie entre 25 et 30 ans. Calais en est le témoin.

Leurs parents et grands-parents, leurs familles, enfants, femmes, ne sont-ils pas
en plus grand danger qu’eux ? L’ONU parle d’un million d’enfants n’ayant même pas une couverture à se mettre sur le dos pour affronter l’hiver tandis que des « passeurs » auraient 2 ou 3 millions de dollars pour acheter des cargos et les abandonner ensuite, comme dernièrement ?

Des réfugiés

Les reportages se succèdent pour décrire leurs terribles conditions de vie et le fait qu’ils ont tout perdu. Ils ont à peine de quoi se nourrir. La moitié des 22 millions de Syriens tient avec moins de deux dollars par jour depuis deux ans, et ils auraient 3 000 dollars pour payer les passeurs (J’en ai vu un qui témoigner sur France 24 avoir payer 7 000 dollars) ?

Et si quelqu’un finançait plutôt le voyage de djihadistes déguisés en réfugiés ?

N’y a-t-il aucun pays musulmans où ces « réfugiés » pourraient trouver un abri ? 49 pays musulmans, la plupart sous habités, dont certains si riches qu’ils s’offrent
des entreprises européennes prestigieuses, ne veulent pas les accueillir ? Alors que
l’islam est une religion charitable qui fait le bien et apporte la lumière au monde ?
Pourquoi se « réfugier » en Europe où leur mode de vie, leur culture, la pratique
de leur religion sont si menacés et l’environnement si hostile, si islamophobe que
l’union européenne préoccupée envisage de promulguer des lois pour les protéger, alors qu’ils seraient si bien en terre d’islam ?

Posons le problème autrement. L’Etat islamique a d’énormes ressources financières, des banques, des puits de pétrole. Pour quelle raison se priveraient-ils d’affréter des chevaux de Troie, et faire embarquer quelques milliers d’islamistes qui attendront patiemment les ordres, une fois sur le sol européen ?


Afghanistan ou le bourbier vietnamien

imageDéfaite amère, fuite honteuse; ils ont créé l’homme taliban pour vaincre les Russes, l’homme taliban les a vaincus, eux. Telle pourrait être la première phrase d’un roman de 13 ans d’une tragédie semée d’échecs et d’embûches. Dimanche, lors d’une courte cérémonie au sein du quartier général de l’Isaf, la force de l’Otan en Afghanistan a donc officiellement baissé son drapeau synonyme d’un départ précipité des troupes combattantes de l’Alliance, qui laissent derrière elles une insurrection talibane en progression.

Ils (les troupes américaines) s’étaient rendus en Afghanistan la tête dans les étoiles. Et pourtant, aujourd’hui, 13 ans plus tard, à l’heure du bilan, le constat est amer, triste et catastrophique. Plus de 3 485 morts côté coalition, des dépenses abyssales, une insurrection qui ne faiblit pas. Ce qui est sûr, les talibans sont devenus plus forts, et la culture du pavot a augmenté de façon exponentielle.

Personnellement, j’ai toujours pensé que l’ennemi à combattre en Afghanistan avait été mal défini. Le terrorisme n’est pas un ennemi ; mais une méthode de combat. Quant à la contre- insurrection talibane, elle aurait pu se révéler gagnante en Afghanistan si l’Otan avait envisagé de rester… 70, 80 voire 90 ans !


Rwanda’s untold story

imageCe week-end un ami m’a invité à assister le documentaire de la chaîne britannique BBC intitulé « Rwanda’s untold story » (en français: l’histoire du Rwanda jamais contée ). Un documentaire à charge contre le président rwandais Paul Kagame, l’accusant de crimes de guerre pendant le génocide, de massacres des réfugiés Hutus en RDC, d’assassinats politiques et d’être responsable de l’attaque contre l’avion du président Habyarimana.

Personnellement, je suis convaincue qu’un autre élément a été déterminant dans la façon dont j’ai reçu ce film en pleine gueule. Je l’ai recommandé à tout mes amis… tout en précisant que je n’ai en fait pas « passé un bon moment » tout au long du film. J’étais tendu comme je ne l’ai jamais été devant un film. Le témoignage de la jeune femme belgo-rwandaise Hutus, Marie qui en larme, raconte les atrocités commis par l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) contre des réfugiés rwandais hutus qui étaient en République Démocratique du Congo entre 1996-1998 a retenu tout mon attention et à la fin du film que des questions.

Le régime rwandais inquiète. Il parait frappé d’un émoi persistant que quelqu’un d’autre raconte une version différente du génocide que celle raconté au paravant. Le régime rwandais malgré les décidances semble ne pas sombrer mais flotte difficilement, que vaut-il ? Où va-t-il ? Que peut-il ? Et je m’interroge sur le cas Kagame? Est il encore un colosse ? Ou simplement un géant au pied d’argile? Et je me demande si Londre et Washington continuent (encore) à soutenir ce régime autoritaire ? Et j’augure que, peut être, Kagame est devenu très encombrant après autant d’accusations, qu’il vaut mieux être lâché. Et je m’inquiète… Mais ai-je raison de m’inquiéter?

Question de rabat-joie, je l’admet. Question nécessaire, en vérité. Question incontournable. Question qui ne peut pas ne pas être posée, car c’est la première fois qu’une chaîne britannique met en cause ce régime. Je ne veux préjuger ici de rien. Ni accabler. Ni acclamer. Juste s’interroger. Sursaut ou sursis pour Kagame et son régime ? « Interroger, c’est enseigner » Xénophon.


Forum de Dakar: l’union fait la force

Forum de DakarDepuis quelques jours, La presse ne parle plus que de ça. Pour être plus précis, on ne parle que de lui. Lui, c’est le président tchadien. Une fois de plus, monsieur Idriss Deby a créé le coup d’éclat à Dakar lors du forum sur la paix et la sécurité en Afrique. le Président tchadien s’est lancé dans une critique amère et violente contre l’intervention de l’OTAN en Libye, qui a, selon lui, provoqué le chaos libyen et déstabilisé le Mali. “La solution n’est pas aux mains des Africains mais entre les mains de l’Otan. Après avoir assassiné Kadhafi, il n’y a que l’OTAN qui a les moyens nécessaires de résoudre donc la crise en Libye”

Sur le fond, personne ne peut lui donner tort. La déstabilisation du Sahel est dû en grande partie à l’intervention de l’OTAN en Libye où plusieurs mouvements islamistes les plus radicaux ont profité de la situation pour déstabiliser le nord du Mali et créer le chaos en Libye. Fermer les yeux serait de la complicité. Mais il y a le moment et la manière de le dire. On ne s’adresse pas à une institution aussi forte comme l’OTAN, comme on le ferrait à son fils ou à un mauvais élève. Pourquoi cette sortie publique humiliante ? Pourquoi ne pas avoir souligné les progrès réalisés par la France au Mali ? On peut se demander les motivations de cette « franchise » inhabituelle.

Curieusement, ce n’est qu’à Dakar et devant Yves Le Drian (ministre français de la défense) que Monsieur Deby suscite la polémique. Le Drian et la France seraient ils plus susceptibles que les autres ? Non. Je pense que le président tchadien leur réserve des propos qu’il ne se permettra pas ailleurs, principalement devant un John Kerry et les États-Unis. Je ne me souviens pas avoir déjà entendu Monsieur Deby s’adresser de la sorte à un chef d’Etat occidental.

Personnellement, je suis plus enclin à penser que les propos de Monsieur Deby ont été dictés par une opinion publique tchadienne pragmatique et intransigeante qui en a marre de voir ses fils mourir hors de ses frontières. Bien qu’ils soient encore présent au Mali, on l’a vu, Deby n’a pas hésité de retirer ses troupes en Centrafrique juste pour une déconfiture.

A priori, je préfère le franc-jeu diplomatique à l’hypocrisie de certains discours. Mais l’honnêteté ne doit pas nous dispenser du respect. Il n’y a pas de doute, nous avons l’un et l’autre (Afrique et OTAN) tout à y gagner d’un partenariat fort et ambitieux de lutte contre le terrorisme. Travailler ensemble est donc une nécessité.


Angola: quand vivre devient survivre

CorruptionNotre terre est rouge et notre or est noir, nos pierres sont brillantes et nos rivières ne tarissent pas d’or blanc. Pourtant nos robinets sont secs et le panier de la ménagère vide. Ici, la société est divisée en deux. Vivre est devenu survivre, tu règnes ou tu crèves et rien entre les deux. Chaque jour le luxe le plus indécent côtoie la misère la plus criante et ainsi va notre quotidien.

La corruption est devenue monnaie courante et dévaliser les caisses de l’Etat n’a rien de surprenant. Ici il n’y a vraisemblablement pas de raison de demander des comptes à ceux qui nous dirigent. Juge et accusé fréquentent les mêmes endroits et mangent (parfois) à la même table.

Le culte du chef étant une valeur incontestable, personne ne semble préoccuper outre mesure aux fortunes colossales de certains prédateurs privilégiés du régime. Tout le monde étant (à son niveau) dans la même course pour un enrichissement illicite. L’opportunisme est ainsi devenu une religion.

Les caractéristiques dont présentent nos grandes villes sont comparable à celles d’une société féodale et « Paraître » est devenu sport national et cela a tout le niveau de la société. Du coup, tout le monde y va de sa manière ou de son pseudo caprice de star pour donner l’illusion de son importance et ainsi imposer le respect d’autrui.

L’homosexualité, la prostitution, le racisme, le trafic d’influence, la corruption, les inégalités sociales et même parfois le débat religieux sont devenus des sujets sensibles. Personne n’ose en parler par peur de s’attirer des ennuies.

L’Angola est donc un pays qui interpelle et qui bouleverse. il existe dans ce pays une véritable classe de prédateurs dont les avoirs se comptent souvent en centaine de millions, voire en milliard de dollars. Le pays est une manne sans fond pour qui sait l’exploiter. Mais le contraste entre ces privilégiés et le reste de la population est d’autant plus violent qu’il n’y a pas vraiment de classe moyenne dans ce pays.


Libération de Serge Lazarevic : un sentimentalisme français de trop

Serge Lazarevic accueilli chaleureusement par François Hollande à sa descente de l'avion.  (Christophe Ena/AP/SIPA)
Serge Lazarevic accueilli chaleureusement par François Hollande à sa descente de l’avion. (Christophe Ena/AP/SIPA)

Serge Lazarevic le dernier otage français dans le monde a été libéré il y a 72 heures. Le mercredi 10 décembre, à sa descente d’avion à l’aéroport de Villacoublay, j’ai été touché par l’émotion de retrouvailles et j’ai même dû écraser une larme de compassion après les accolades qui s’en sont suivi. Le sentimentalisme est une vertu bien sûr. Les Français ont pleuré, ils se sont épanchés, puis se sont embrassés. Mais je pense, la France en a fait trop.

Un grand pays comme la France et à sa tête François Hollande, ne devait-il pas faire plus de preuve de dignité et de grande retenue dans l’émotion. Ne fallait-il pas montrer une plus grande fermeté vis-à-vis des preneurs d’otages ?
Exhiber ainsi ses faiblesses, n’est-ce pas accroître la tentation de tous les ravisseurs potentiels du monde à recommencer.

La France ne peut pas, au Maghreb ou en Irak, faire la guerre à l’islam radical et à ses illuminés fascinés par la mort, tout en finançant parallèlement, sous la contrainte morale, ce même obscurantisme. Je ne crois pas à ce mensonge, qui veut nous faire croire « qu’aucune rançon n’a été versée« . Ma mémoire n’est pas courte pour oublier les 25 millions d’euros versés comme rançon pour libérer les quatre otages français d’Arlit (Niger). Mon constat ces derniers temps, est que la France au lieu d’être commandeur devient de plus en plus quémandeur et cela a plusieurs niveaux.

Le meilleur moyen pour moi, de démonétiser un otage, est de s’interdire tout recours à des transactions financières. François Hollande en début de son mandat avait pourtant assuré que la France ne paierait aucune rançon, mais je doute fort que cela soit vrai.


Tout est éphémère et en perpétuelle mutation à Luanda

Une vue aérienne du Marché Roque Santeiro
Une vue aérienne du Marché Roque Santeiro

Au delà des vieux batiments laissé par le colon portugais, rien ne résiste plus à la force du temps. A Luanda, les hommes comme les infrastructures publiques, rien ne vit plus longtemps. Tout est éphémère, tout se transforme, tout se métamorphose et tout est en perpétuelle mutation. On dirait qu’à chaque saison, ces lots de changement.

Il y a une certaine époque, où le plus grand nombre de commerce se faisait au marché Roque Santerio. On y vendait tout. Du charrois automobiles jusqu’aux légumes. En dehors du commerce, ce marché était réputé par le nombre très croissant des délinquants. Il ne se passait pas un jour sans qu’on y abatte un homme. La criminalité était à son paroxysme. Aujourd’hui Roque Santeiro a été rasé et a laissé place à des super-marchés, les criminelles ont été arrêté, les peu d’entre-eux qui ont réussit à s’échapper dans les mailles de la police, travaillent dans la clandestinité totale. Dieu merci, la ville à retrouver un nouveau souffle.

Les avenues de Luanda, après la pluie
Les avenues de Luanda, après la pluie

Avant l’organisation de la CAN 2010, la plupart des artères principales de la ville étaient plein de nid de poule. le ministère de travaux public a construit des nouvelles routes, en a bitumé des dizaines et désenclaver plusieurs quartiers. Du coup, le trafic est devenu fluide, à part quelques embouteillages aux heures de pointe. 5 ans plus tard, le trois quart (pour ne pas dire tous) des caniveaux ont bouché, les inondations sont légions et les routes ne sont plus en condition. C’est vrai, l’entretien n’est pas une spécialité locale. Il paraît que le mot n’a même pas d’équivalent dans nos langues nationales. On le confond le plus souvent avec arranger et nettoyer. Mais l’absence de service permanent de collecte des immondices n’aide pas aussi. Dans la plupart des quartiers de Luanda, les caniveaux (quand il y en a) servent de poubelles publiques et la population compte sur la force du courant d’eau pour évacuer les déchets vers la mer. Mais, lorsque plusieurs millions de personnes raisonnent de la sorte et que le sable s’en mêle, les pauvres collecteurs sont rapidement saturés et n’en peuvent plus.

Une avenue de Luanda
Une avenue de Luanda

A chaque saison de pluie son gouverneur. Depuis 2010 à ce jour, Luanda a changé 3 gouverneurs. De José Maria dos Santos jusqu’au nouveau entrant Graciano Francisco Domingo en passant par Bento Sebastião Francisco Bento, le casse tête des dirigeants de la capitale angolaise reste l’insalubrité publique. En tous cas, mon constat est que les affiches « ne salit pas ma ville » ou « ma ville n’est pas ta poubelle » ont disparu. Peine perdue ou objectif atteint ? Personne n’ose se prononcer.

Une chose est sure, il y a 8 ans, nous participions pour la première fois au mondial de football en Allemagne avec une sélection composé à 70 % des joueurs locaux, le mois prochain, nous serons absent de la CAN 2015 avec nos lots de professionnels.


A la recherche d’opportunité

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« Qu’est-ce que j’ai envie de faire aujourd’hui, que je n’ai jamais eu le temps de faire ? » C’est la phrase qui me vient à l’esprit lorsque j’ouvre les yeux le matin. Je suis chômeur. Je préfère dire, comme c’est tendance (notamment sur les réseaux sociaux), que je suis en « recherche d’opportunité ». Je ne sais plus quoi faire, j’espère simplement qu’un jour quelqu’un me donnera ma chance de travailler.

J’ai 34 ans, un âge où l’on s’imagine avoir une vie stable : un emploi que l’on aime, une maison, des enfants… Je suis sans emploi depuis 2004, l’année où j’ai fini mes études en sciences agronomiques. Un chômeur dit « longue durée ». Je suis père et mari depuis 4 ans .

Un projet de reconversion

Il faut en passer par là pour que les choses changent. « chômage », « crise ». Il faut se faire violence pour oser une démarche de reconversion. C’est la seule option de survie que j’ai trouvée : je veux devenir quoi ? Je vais devenir qui?
Retour à la réalité, remise en question et même regrets. Pourquoi ai-je choisi l’option sciences agronomiques ?
La recherche d’emploi est devenue un job à temps complet. Cela ne devrait pas être le cas. Moi, j’alterne travail et détente. C’est vital, car au niveau du mental, c’est les montagnes russes.

Penser à soi, se recentrer sur sa personne.

J’aimerais ne pas me culpabiliser et prendre l’opportunité de voyager, aller au musée, au théâtre… M’initier à des sports de combat et à la relaxation. Tout ça prend beaucoup de temps et d’argent, mais je n’ai plus d’argent, ni de temps. Je me suis transformé en petite reine du foyer : vaisselle, aspirateur, vitres, linge, repassage, bricolage, taxi pour madame et les enfants … Je m’éparpille, je me perds, puis je me retrouve.

Je rencontre des personnes qui vivent les mêmes choses : je ne suis pas fou. Même si la société nous le rappelle à chaque instant, je désapprends le fait que je me résume à un métier, une fonction. Durant ces années de chômage, j’ai plus appris sur moi qu’en 20 ans, sur le banc de l’école.


A toi président à vie, tripatouilleur de la constitution

imageT’as pas compris que tu n’es pas immortel et que ton règne n’est pas éternel ? que le temps est révolu et que tu ne sauras pas tripatouiller la loi fondamentale de la nation ? T’as pas compris qu’on trompe le peuple, une fois, deux fois, mais pas toujours? Pourquoi donc tiens-tu tant à rester sur ce fauteuil?

Où est Compaoré, où est Ben Ali, où est Kadhafi. où sont passé tous ces rois qui ont rêvé de l’immortalité sur le dos de leur pays? Ça fait très longtemps que tu devais partir, mais tu as réussit a t’accrocher, saches que cela ne va plus durer longtemps. Ton petit cinéma ne produira pas, car on ne te laissera pas une minute de plus, pas même une seconde de plus.

Regarde, combien étiez-vous encore hier à vouloir modifier la constitution, 8, 10. Le soulèvement populaire bourkinabè devrait vous servir d’exemple. L’Afrique a survécu au joug des grands dictateurs et des régimes d’oppressions. Elle les a chassés, tués et traînés tous dans la poussière. Tu n’es pas le premier colon de notre malheur et garde ça à l’esprit: ce peuple, même si aujourd’hui n’existe plus, n’est pas mort. Parole de Kamel Daoud

Ce n’est pas qu’on t’en veut, ce n’est pas que le peuple ne veut plus de toi, mais c’est la règle du jeu démocratique. Alors je t’ai prévenu, saches sortir par la grande porte, parce qu’une minute de plus, un cadavre de plus, ça sera trop tard.